Cols dans les Alpes suisses (1)

… Suite de la chasse aux cols
Après la région de Tende, c’est dans les Dolomites que nous irons chercher les cols supérieurs à 2000m d’altitude. Mais en cours de route, lors de la traversée des Alpes suisses, nous n’avons pas résisté à l’envie d’y faire étape pour glaner quelques cols.
Le premier jour, à partir de Gletsch, nous cueillerons quatre cols (72 km et 2540m de dénivelée). Pour nous mettre en jambes, nous commençons par un aller retour agréable au Grimselpass (2165m).

Gletsch et les lacets du  Grimselpass

Gletsch et les lacets du Grimselpass – Sept. 2009

Ensuite, cela se corse en allant chercher le Nufenenpass (2478m) par son versant ouest. Nous l’avons trouvé difficile, avec ses 8.5% de pente moyenne sur 13 km, surtout dans ses derniers kilomètres avec des passages supérieurs à 10%. Je pense que nous n’avons surtout pas pris le temps nécessaire pour nous acclimater à cette haute altitude.

montée au Nufenenpass

Montée au Nufenenpass

Au col, un plan topographique du secteur attire mon attention. Il y a peut-être un col muletier à proximité ? Ce n’est pas un mais deux que je repère, le Griespass (2479m) et le Cornopass (2485m). Rapide concertation avec Marie-Noëlle et décision un peu trop rapide d’aller les chercher. En réalité il a fallu faire 4 à 5 km en aller-retour par des sentiers souvent très étroits. Passage délicat, à pied, au-dessus du lac, si tu dévisses c’est le fond du lac ! ! Nous regardons juste le sentier et dire qu’il faudra revenir par le même chemin ! J’attends la fin du passage délicat pour prendre la photo. Ouf !

retour du Griespass et du Cornopass

Retour des cols muletiers de Griespass et du Cornopass

Il n’y a plus qu’à se laisser descendre pendant 14 km sur Ulrichen avant de remonter à Gletsch. Nous devrons mettre l’éclairage avant d’arriver à notre camping-car. Belle, mais rude journée, nous avons été trop gourmands pour ce 1er jour.

Le lendemain nous nous contenterons de monter au Furkapass (2429m), 11 km de montée pour 740m de dénivelée. Cool ! D’autant que nous avons fait un arrêt à mi-montée pour observer le glacier du Rhône

le glacier du Rhône

Rhonegletscher – le glacier du Rhône

De retour à Glestsch nous remontons le Furkapass, mais cette fois-ci en camping-car, pour aller nous positionner du coté d’Andermatt pour la suite des randonnées. Dans la descente du col, nous avons eu droit à un magnifique arc-en-ciel.

Arc-en-ciel sur le versant Est du Furkapass et du Cornopass

Arc-en-ciel sur Realp (versant Est du Furkapass)

La chasse aux cols !

J’ai toujours été passionné par le vélo et ceci dès mon enfance. Je vous en ai parlé ICI. Mais ce n’est qu’au début des années quatre-vingt que j’ai véritablement été touché par le virus que je me suis empressé de transmettre à Marie-Noëlle.
logo Cent Cols Très vite nous avons été attirés par les longues randonnées en montagne qui nous ont conduit à découvrir le Club des Cent Cols. Nous l’avons rejoint dès que nous avons rempli les conditions :  avoir franchi 100 cols différents dont 5 à plus de 2000 m.
Fin 2008, nous avions déjà gravi la quasi totalité des cols routiers français de plus de 2000 mètres. Le poids des ans allait indubitablement alourdir nos vélos, nous avions donc programmé de faire rapidement un plein de ces cols situés à haute altitude.
C’est ainsi que le 17 juin 2009 nous avons été chercher quelques cols « muletiers » dans la région de Tende.
A 7h00 du matin nous partons de La Brigue, direction Saint-Dalmas de Tende pour ensuite une montée d’une vingtaine de kilomètres via le lac des Mesches et Castérino sur une petite route goudronnée.

cols_Tende-Ouest

De temps en temps, le mauvais état de la chaussée nous donnait l’occasion de mettre pied à terre, comme au passage de ce petit tunnel.

cols_Tende-Ouest

Avant d’arriver à la Baisse de Peyrefique (2030m) nous allons cueillir, en aller retour, la Baisse d’Ourne (2040m). Baisse: autre appellation du mot col

cols_Tende-Ouest

C’est à pied, mais vélo à la main, que nous allons chercher la Baisse de Barsenzane (2075)

cols_Tende-Ouest

 

cols_Tende-Ouest

Nous faisons la pause repas vers le pont de Peyrefique en observant batifoler quelques marmottes dans un décor montagnard parsemé de rhododendrons et autres fleurs printanières.

cols_Tende-Ouest

Au pied du fort de Marguerie, Marie-Noëlle me fait découvrir les belles fleurs de lys martagon qui poussent sur la terre qui recouvre le fort. Un peu plus d’un kilomètre après le fort nous atteignons, à vélo, la frontière italienne et le col de Pernante (1898m)

cols_Tende-Ouest

A partir du col de Pernante, nous suivons la crête qui marque la frontière avec l’Italie. Lorsque le vide n’est pas trop proche nous pédalons mais c’est le plus souvent en marchant que nous parvenons au bout de 5 km à la Baisse du Péru (2079m). Là, il nous faut revenir au col de Pernante. Nous franchissons un peu plus loin le col de Tende-Ouest (1871m), dernier col de la randonnée.

cols_Tende-Ouest

Il ne reste plus qu’à descendre par les lacets de la vieille route du col de Tende et rejoindre notre camping-car. Nous arrivons à la Brigue vers 19h après 77 km et 2220 m de dénivelée.
icone albumUne très belle journée en haute montagne, une rando magnifique et six cols supplémentaires.

Mon premier Paris-Brest-Paris

Cette semaine plus de 6000 randonneurs participent aux 1200 km de Paris-Brest-Paris. Cela ravive quelques souvenirs et plus particulièrement ceux de 1999 où j’avais participé à cette fabuleuse randonnée en compagnie de Marie-Noëlle. C’est son récit, écrit pour une revue cyclotouriste locale, que je vous propose.

Août 99, j’ai vécu mon 3ème Paris-Brest-Paris, mais cette fois-ci, à vélo, et non plus, comme en 1987 et 1991, en voiture accompagnatrice. Pour assurer l’intendance, le ravitaillement, les massages, le réconfort et les encouragements aux contrôles, j’avais accompagné Joseph ces deux années-là.

Etre accompagnateur n’est pas de tout repos !

Il n’y a plus de rythme de jour et de nuit, on mange et on dort quand on peut. On s’inquiète aux contrôles, lorsque celui qu’on attend est en retard sur l’horaire prévu. A-t-il eu une crevaison? un incident mécanique? pire un accident? S’est-il trompé d’itinéraire? la nuit, la lecture du fléchage n’est pas toujours évident.

Ces temps d’attente permettent d’être spectateur, de regarder de près de curieuses machines roulantes, tricycles, vélos couchés, vélos carénés…mais aussi d’être témoin des souffrances physiques et morales des participants qui ne pouvant plus continuer, en larmes, téléphonent pour se faire rapatrier.
En 1987 et 1991, Joseph a tenu bon, luttant en 1991, année du centenaire du PBP, contre une météo défavorable,PBP 1987, Joseph Guégan pluie et vent d’Est qui ralentit terriblement le retour vers Paris et surtout contre des douleurs aux genoux qui l’obligeaient, sur les 300 derniers kilomètres, à monter les bosses avec le tout petit plateau de montagne.
Après les trois heures de repos, grappillées à la nuit, il fallait mobiliser les articulations avant de pouvoir repartir sur le vélo.
J’étais admirative de cette ténacité, mais je me disais que jamais je ne participerai à une telle épreuve, que ce n’était pas du cyclotourisme, que j’avais besoin d’une bonne nuit de sommeil, dans un bon lit, pour récupérer des efforts d’une journée à vélo.
A la fin de l’épreuve, je dis à Joseph :
« Bon, maintenant que tu en as fait deux, tu es satisfait? »
Il me répondit :
« Oui, mais j’en ferai un 3ème si tu le fais avec moi! ».
Quel défi ! A cette époque là, je n’en avais nullement envie.
Quatre ans après, en 1995, on n’en a pas trop parlé, nous venions d’emménager à Cahors et les week-end bricolages prenaient le pas sur le vélo. La semaine de l’épreuve, Joseph suivait sur Internet les temps de passage de quelques amis cyclos et je sentais bien qu’il éprouvait des regrets de ne pas être avec eux.

Les brevets qualificatifs !

Début 1999, alors que nous n’en avions presque plus parlé, je me lance et lui annonce : « et si on faisait Paris-Brest-Paris cette année? » Voilà c’est parti pour l’entraînement, tout en nous disant : « on enchaîne les brevets qualificatifs les uns après les autres et on voit si c’est possible ou pas! »
Le brevet de 200 du VC Montauban ainsi que le 300 organisé par les Cyclos Randonneurs d’Angers se passent plutôt bien.
Vient ensuite, au mois de mai, le brevet de 400 de Montauban. Après une nuit très froide et sans lune, avec un relief tourmenté entre Albi et Rodez nous apprécions le lever du soleil qui nous annonce une belle journée et nous permet de finir, mieux que nous le pensions, ce difficile brevet.
Reste maintenant le 600!.
Je n’ai jamais parcouru une telle distance! En serais-je capable ? Nous poursuivons un entraînement sérieux et après avoir terminé « l’Etoile Quercynoise », nous nous lançons sur le « Tour du Lot » en randonnée permanente – de superbes itinéraires pour découvrir le département!.
Le 1er week-end de juin arrive: c’est le 600, il pleut pendant toute la journée du samedi et une partie de la nuit, c’est trempés et dans la brume que nous montons le col du Soulor avant de nous arrêter dormir trois heures à l’hôtel du Tech à Arrens. A 7h, nous repartons pour finir la descente du col et entamer le retour vers Montauban.
Heureusement la journée du dimanche est plutôt ensoleillée et nous finissons ce brevet dans d’excellentes conditions physiques. Joseph n’a pas souffert des genoux, c’est peut-être bon signe!
Voilà, tous les brevets sont bouclés, on peut s’engager pour la grande aventure et je vais à mon tour pouvoir vivre un PBP de l’intérieur.

L’attente !

Ecosse-1999,Loch KishornMais, il faut attendre encore presque trois mois, maintenir un bon niveau d’entraînement, mais sans excès.
1200km en trois semaines en Ecosse, plus quelques longues distances, dont un 300 avec beaucoup de dénivelées début août, nous permettent d’atteindre les 8000 km et de nous sentir fin prêts.
Puis, à nouveau le doute s’insinue dans mon esprit. Serais-je capable? Est-ce bien raisonnable? Un herpès, un zona, une pharyngite dans les deux semaines qui précèdent le départ, c’est beaucoup! J’ai le sentiment que mon organisme freine des « quatre patins ».

Enfin, le week-end du 21-22 août arrive. Il faut être à pied d’œuvre dès le dimanche pour le retrait des cartes de route et le contrôle des vélos. Nous retrouvons Jean-Claude, le président de Cahors Cyclotourisme, venu prêter main forte aux organisateurs. Il nous faudra attendre ensuite jusqu’au lundi 22h00 pour enfin partir. Que l’attente est longue!
J’angoisse terriblement à l’idée de prendre le départ de nuit dans un peloton de plus de 2000 cyclos. Heureusement les organisateurs ont eut la bonne idée de faire trois groupes espacés d’un quart d’heure.
Le lundi est interminable, les aiguilles de ma montre n’avancent pas! Il faut juste penser à se reposer un maximum et à bien s’alimenter en sucres lents. A 20h00, nous nous rendons au gymnase des droits de l’Homme pour attendre l’heure du départ. Celui des « rapides » a lieu justement à cette heure là, nous nous mêlons aux nombreux spectateurs massés près du stade, émotion intense et encouragements de toutes parts. C’est très impressionnant!

C’est parti !

Lundi 22h00, c’est à notre tour! Voilà c’est parti pour 1200km en moins de 90h! Notre objectif est modeste, finir dans les délais sans être épuisés.

La première nuit se passe très rapidement dans l’euphorie, il y a des cyclos partout. Avant Mortagne-au-Perche les difficultés commencent. C’est très vallonné. Il faut penser à s’économiser.
Au contrôle de Villaines-la-Juhel, nous trouvons, par hasard, des amis de notre ancien club mayennais. Une bise et quelques mots, mais pas question de s’attarder!

Paris-Brest-Paris-19

Marie-Noëlle et Joseph entre Villaines-La-Juhel et Fougères – PBP 1999

De contrôle en contrôle – tous les 80km environ – nous poursuivons notre route sous un soleil généreux, il fait presque trop chaud! Nous retrouvons parfois sur la route des cyclos connus avec qui nous échangeons quelques mots.
Tout au long de la route, depuis l’entrée en Mayenne et encore plus en Bretagne, des spectateurs nous encouragent et offrent du ravitaillement: eau, café, gâteaux…C’est très sympathique et cela crée une ambiance de fête qui nous stimule jusqu’à Loudéac où nous arrivons vers 21h30 pour un repos bien mérité. Loudéac est un point stratégique, situé au 1/3 et 2/3 du parcours. C’est tout près de là que nous avions choisi d’installer notre camping-car.
Les orages du mercredi matin sur le Finistère nous ont épargné et c’est vers midi que nous virons à Brest, à l’horaire prévu, malgré les 20km supplémentaires à cause des déviations. Des cyclos de notre ancien club de Quimper, ont fait le déplacement pour supporter la dizaine de participants du club. On bénéficie de leurs encouragements dans les nombreuses bosses qui nous ramènent à Carhaix. Joseph est souvent interpellé et encouragé par des spectateurs qu’il n’a pas toujours le temps de reconnaître.

Avant Carhaix, ses genoux commencent à lui donner du souci. C’est plus tôt que lors des deux autres éditions! Quant à moi, j’ai une contracture au cou qui me fait souffrir. Ma main gauche ne trouve pas de position confortable sur le guidon. Avec quelques massages au Decontractyl, elle finira par disparaître au cours de la journée.

Après Carhaix, sur un secteur relativement plat, offrant un répit pendant une trentaine de kilomètres, avec en plus le vent dans le dos, nous faisons quelques rencontres qui nous permettent de ne plus trop penser à nos douleurs.
C’est d’abord Philippe Roche qui remarque nos vélos Rando-Cycles, évidemment puisque c’est lui qui a créé cette entreprise à Paris. Après un terrible accident, survenu lors d’une diagonale, qui lui a valu un coma prolongé, il teste ses capacités physiques et se donne comme objectif de terminer dans les délais. Il y parviendra. Nous bavardons une petite heure avec lui avant de nous arrêter pour une pause ravitaillement dans un café où sont déjà attablés deux canadiens de Vancouver, l’un d’entre eux, président des randonneurs mondiaux du Canada, parle Français et nous fait remarquer avec humour en parlant des élevages, qu’il n’est pas dépaysé, il retrouve les « bonnes odeurs » de chez lui.
Arrivés à Loudéac vers 23h00, après avoir passé un des secteurs les plus difficiles du parcours, nous faisons la queue au self et je mets à profit ce moment d’attente pour exercer mon anglais en échangeant quelques banalités avec un jeune Allemand d’Hambourg.
Après un court repos de moins de 3 h, qui permet d’atténuer les douleurs de genoux de Joseph, nous filons vers Tinténiac où nous retrouvons Didier, des Audax Lavallois. Nous l’avons souvent côtoyé depuis 1981 dans de longues randonnées. Il a pris le départ de son 5ème PBP, accompagné de deux dames avec l’objectif de leur faire réussir leur 1erPBP.
Malheureusement l’une d’elle a du abandonner rapidement à cause de problèmes d’alimentation. « Contrat rempli à 50%! » nous dit-il.
Les cinquante bornes, passées en sa compagnie, permettent de se remémorer quelques souvenirs et de rouler bon train vers Fougères. Nous les retrouverons le lendemain matin près du dernier contrôle de Nogent-le-Roi, mais nous serons dans l’incapacité physique de terminer avec eux sans les retarder. La douleur aux genoux oblige Joseph à monter toutes les côtes à l’économie sur le plus petit développement. De mon côté cela ne va guère mieux, j’ai les muscles des jambes qui ne réagissent plus, à cause d’un problème de rétention d’eau qui s’est manifesté vers Mortagne-au-Perche à un peu plus de 150km de l’arrivée et qui a provoqué un œdème spectaculaire mais heureusement sans gravité.
Ces problèmes physiques nous retardent considérablement puisque nous perdons trois heures sur notre temps de route au cours des 200 derniers km. Heureusement, l’expérience de Joseph a fait que nous avions prévu des marges de sécurité dans les arrêts aux contrôles.
Le repos de 5h prévu à Mortagne-au-Perche est écourté, sans regret, l’affluence ne permettant pas de s’allonger confortablement. De nombreux cyclos ont du nous imiter, vu le nombre de dormeurs sur les bas côtés de la route.
A 14h25,le vendredi nous atteignons notre but sous les applaudissements des spectateurs et parmi eux André, un Audax Lavallois, vieil habitué du PBP qui nous a encouragé tout au long du parcours.

Je suis heureuse d’avoir réussi notre challenge, 1245km en 88h25 (1), avec seulement 1h25 de retard par rapport à nos prévisions malgré les 45km supplémentaires dus à des déviations et ces problèmes physiques qui m’ont un peu contrariée. Mais ils sont très vite oubliés.
Dans la soirée nous faisions déjà des projets pour participer à la prochaine édition dans 4 ans (2).

          Marie-Noëlle GUÉGAN

(1)  Les organisateurs ont porté le délai maximal à 92 heures, compte-tenu des 45 km supplémentaires imposés.
(2)  En 2003, nous n’avons pas réalisé ce projet, une mauvaise chute juste avant le brevet de 600km obligea Joseph à un repos forcé pendant plusieurs mois.