A vélo vers Compostelle – ( 10 )

Lundi 5 juin 2000 – Itero del Castillo / Mansilla de Las Mulas – 131 km

Levés vers 6h30, le ciel est gris, il fait frais. Le petit-déjeuner se limitera à une pomme et deux cookies (réserves de la sacoche).
Vers 7h45 nous partons, la route est facile jusqu’à Fromista. Nous avons passé le Puente Fitero, pont roman à onze arches sur le río Pisuerga.
A Fromista nous nous arrêtons à l’église Saint-Elme, patron des navigateurs, et à la splendide église romane San Martin – plusieurs fois restaurée – et nous admirons les 350 modillons.

Fromista_St-Martin

L’église Saint-Martin de Fromista

Enfin un petit-déjeuner digne de ce nom, thé, café, biscuits, en compagnie du français et de son épouse espagnole rencontrés la veille.
Fromista vient de Frumenta (froment). Le paysage est assez monotone malgré les coquelicots, les marguerites, les bleuets et les chardons qui bordent à cette époque les champs de blé.

Villalcazar-de-Sirga

Arrivée à Villalcazar de Sirga et portail de l’église Santa Maria la Blanca

A Villalcazar de Sirga, j’ai encore un coup de cœur pour l’église Santa Maria la Blanca construite au XIIIe siècle. Le portail sud, abrité sous un porche, est superbe avec ses décors superposés.
L’intérieur de l’église abrite une merveilleuse vierge à l’enfant dont la réputation miraculeuse avait été véhiculée aux quatre coins de l’Europe par les jacquets .
A Villalcazar, deuxième rencontre de la journée avec le couple Franco-Espagnol !

A Carrion de los Condes ce sera la troisième et dernière rencontre ! car ils s’arrêtent là pour aujourd’hui.

Carrion-de-los-Condes_Sta-Maria-del-Camino

Pause devant l’église de Carrion de los Condes

Carrion-de-los-Condes_Sta-Maria-del-Camino

Le portail de l’église Santa Maria del Camino à Carrion de los Condes

Le portail de l’église Santa Maria del Camino illustre la légende du « tribut des cent pucelles ».
Chaque année les villes chrétiennes devaient remettre cent pucelles aux Maures, qui occupaient une grande partie de l’Espagne. Les pucelles de Carrion de los Condes implorèrent le secours de la Vierge qui envoya quatre taureaux furieux qui mirent en fuite les Maures. Ces derniers y virent un avertissement et renoncèrent à ce tribut.

Sahagun_Eglise-San-LorenzoToujours le paysage monotone de la Tierra de campos – Meseta, del Paramo (le désert) – de longues lignes droites pratiquement plates. Heureusement que nous avons le vent favorable, les kilomètres défilent vite. Nous voilà à Sahagún, ville qui connut un grand essor sur le plan religieux: chapelle San Juan, ancienne église de la Trinidad transformée en refuge de pèlerins, église San Lorenzo, sanctuaire qui fait partie avec ceux de San Tirso et de Santiago, de l’un des plus beaux ensembles du style mudéjar.
Près de San Lorenzo une imposante tour en briques rouges évoque Saint-Sernin de Toulouse.
Nous passons le pont de Canto dont les cinq arches enjambent le Céa puis nous cherchons un peu notre route pour ne pas rouler sur le « camino » pierreux.

Un deuxième orage nous oblige à patienter à El Burgo Ranero après avoir pris un message « Bises d’Henri de Toulouse, hospitalero à Bercianos, pour Laura, hospitalero à Mansilla de Las Mulas ». Nous continuons à jouer au facteur sur ce chemin.
Nous arrivons au refuge de Mansilla de Las Mulas vers 18h00, la douche, les courses puis à la cuisine. Discussion en anglais avec un jeune italien.
Après le dîner en musique quelques pèlerins se mettent à danser, dont un « vieux beau » de Saint-Malo qui en profite pour draguer !
Quant à nous, nous allons nous coucher rapidement.

itineraireEn 2000, nous avons fait en treize étapes à vélo, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle à partir du Puy-En-Velay.
Extraits du carnet de route, tenu chaque soir par Marie-Noëlle.
Soyez indulgents pour la rédaction qui est parfois en style télégraphique et pour la qualité des photos qui sont, à part quelques rares exceptions, des scans de diapositives.

A vélo vers Compostelle – ( 9 )

Dimanche 4 juin 2000 – St Domingo de la Calzada / Itero del Castillo – 138 km

Ce matin nous sommes prêts à 7h00 après avoir subi un espagnol qui se frictionnait les pieds à l’huile camphrée à la table du petit déjeuner. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir !! Un coq chante, mais ce n’est sans doute pas celui de l’église.

Timbre de BeloradoLa route est facile, surtout vent dans le dos, mais la brume s’épaissit au fur et à mesure que l’on s’élève en direction du Puerto de la Pedraja (1140m), puis c’est carrément la pluie en arrivant à Belorado.
Nous prenons un thé et un café dans un bar où nous échangeons quelques banalités avec deux Québécoises à l’accent typique. Nous tamponnons à l’alberghe et là l’hospitalero nous confie le carnet de route oublié ce matin par un pèlerin afin de le déposer à San Juan de Ortega, sa prochaine halte.

San-Juan-de-Ortega

L’église de San Juan de Ortega et la statue de San Domingo

Ce n’est pas sur notre route, mais nous faisons un léger détour de 6km aller-retour avec plaisir. Nous avons été récompensés car l’église attenante au monastère est très belle. San Juan de Ortega repose, selon ses volontés, sous une pierre nue dans la crypte et non dans le somptueux tombeau roman qu’un ami, le sachant au plus mal, lui avait destiné. Le tombeau sculpté resta pour sa gloire, mais vide.
Près du monastère de San Juan nous retrouvons les deux Québécoises arrivées en taxi car l’une est interdite de marche pour quelques jours par le médecin. L’autre est en pleurs à cause d’un Français sectaire qui leur reproche d’utiliser les auberges des pèlerins alors qu’elles se déplacent en taxi ou en bus!

Nous pédalons tranquillement sous la pluie jusqu’à Burgos sans être gênés par la circulation. C’est quand même bien les sur-largeurs de chaussée ! Arrivés à Burgos, il ne pleut plus.
Il y a des communiantes et des gens sur leur trente-et-un. En tenue cyclo, on dénote un peu ! Nous visitons l’église de San Lesmes ainsi que la cathédrale en pleine restauration. Vite nous pouvons obtenir un tampon à la sacristie avant que l’on nous fasse sortir promptement, c’est l’heure de la fermeture.

Burgos_Cathedrale

Le portail sud de la cathédrale de Burgos

Nous sortons de Burgos en longeant le rio Arlanzon. José crève de la roue avant et il pleut à nouveau.
Itero-del-Castillo_AlbergheAprès un nouveau coup de tampon dans le gîte près de l’Hospital del Rey nous continuons bravement notre chemin au cœur de la Castille, dans le « désert de la Meseta » un haut plateau à environ 600m d’altitude.
C’est monotone, des champs de blé à perte de vue !
Nous arrivons, sous la pluie, à Castrojeriz « Quatre Souris », comme l’appelaient les pèlerins. A l’alberghe, les cyclistes n’y sont acceptés qu’après 20h00. Nous allons donc, suivant le conseil de l’hospitalero, jusqu’à Itero del Castillo.
Là dans un bar, en compagnie d’un Allemand, nous dînons à très bon marché. Oeufs, frites, fromage, fruits, bière, café.
A l’Alberghe, situé à 1km à l’écart du chemin, il n’y a que des cyclistes. Environ une dizaine. Avant de nous coucher nous discutons longuement avec un couple, Français et Espagnole.

itineraireEn 2000, nous avons fait en treize étapes à vélo, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle à partir du Puy-En-Velay.
Extraits du carnet de route, tenu chaque soir par Marie-Noëlle.
Soyez indulgents pour la rédaction qui est parfois en style télégraphique et pour la qualité des photos qui sont, à part quelques rares exceptions, des scans de diapositives.

A vélo vers Compostelle – ( 8 )

Samedi 3 juin 2000 – Cizur-Menor / Santo Domingo de la Calzada – 139 km

Départ vers 8h00, sans petit déjeuner à l’assaut du Puerto del Perdon et de ses éoliennes qui se détachaient superbement hier soir sur un ciel orageux. Dans la montée, deux voitures sont en fâcheuse posture! Les « bombeiros » répandent de l’absorbant sur la chaussée.

Sierra-del-Perdon

La sierra del Perdon

Timbre de Puente-la-ReinaPuente-la-Reina: nous avons beau chercher pour tamponner, tout est fermé, les églises, l’office du tourisme, personne à « l’alberghe ». Nous prenons le petit déjeuner sur un banc, sous les arcades bordant la place du marché et enfin vers 10h00 nous obtenons le tampon au séminaire situé face à l’église del Crucifijo dans laquelle il y a une superbe effigie du christ crucifié, sculpture gothique du XIVe siècle provenant d’Europe centrale.
José a pris le temps de prendre en photo le célèbre pont roman à six arches. Nous l’avons passé à pied comme les pèlerins, mais avec le vélo à la main.

Puente-la-Reina

Le pont roman de Puente-la-Reina

Ensuite nous passons près de Cirauqui, c’est un village que je trouve très harmonieusement étagé et coloré! Puis Estella nous vaut une halte. Nous admirons le porche de l’église San Pedro de la Rúa, mais elle est fermée et il est presque 11h00. En contrebas le palais des rois de Navarre est un rare exemple d’art roman civil. Un chapiteau illustre le combat de Roland et Ferragut.
Près de l’église du Saint-Sépulcre, avec sa statue de Jacques qui subit l’œuvre inexorable de l’érosion, nous croisons un pèlerin, avec la tenue typique presque d’un autre temps. Il faisait Saint-Jacques-de-Compostelle – Rome en aller et retour !!
A Irache, une pause au monastère, un casse-croûte mais sans le vin de la fameuse fontaine, il aurait fallu redescendre un peu !
La route est très vallonnée, nous traversons le vignoble de la Rioja, terre rouge, vigne, oliviers et lauriers roses.
Arrêt à Los Arcos, retrait de pesetas et achats de quelques fruits au marché qui se termine. Au gîte tenu par un charmant couple de Flamands nous tamponnons la créanciale.
C’est à Logroño, nous savons maintenant le prononcer (Lorrogno) que nous apercevons les premières cigognes sur un clocher. Nous remplissons nos bidons à la fontaine des pèlerins et prenons le temps d’admirer Saint-Jacques matamore sur l’église Santiago el Real.
Le gîte de Najera n’accueille les cyclistes qu’après 20h00 s’il reste de la place. Nous ne prenons pas le risque d’attendre. On pousse plus loin, à 20 km, il y a Santo Domingo de la Calzada. Il fait très chaud. J’en ai marre de pédaler.

Sto-Domingo-Calzada_cathedrale

La cathédrale de Santo Domingo de la Calzada

Visite de la cathédrale très rapidement, entre un enterrement et un récital d’une chorale. On ne s’attarde que devant le célèbre poulailler en pierre polychrome qui loge un couple vivant de gallinacés : une poule et un coq.
La poule et le coq, toujours de couleur blanche, sont changés tous les mois. Ce poulailler rappelle le miracle du « pendu dépendu » qui a propagé le nom de Santo Domingo de la Calzada sur tous les chemins de Compostelle.

Timbre de Santo Domingo de la Calzada« En 1130, Hugonel, jeune pèlerin germanique en route avec ses parents vers Saint-Jacques-de-Compostelle, passa la nuit dans une auberge de Santo Domingo de la Calzada. Une jeune servante lui fit des avances, qu’il repoussa. Éconduite, elle cacha dans son bagage de la vaisselle d’argent. Au moment du départ, elle l’accusa du vol du plat.
Il fut condamné et pendu pour ce vol qu’il n’avait pas commis. Les parents éplorés continuèrent leur pèlerinage et prièrent saint Jacques. À leur retour de Compostelle, ils entendirent leur fils leur dire, du haut du gibet, qu’il vivait, car saint Jacques le protégeait.
Sur leur pressante demande, ils furent exceptionnellement reçus par le juge qui était en train de manger de la volaille rôtie. Après les avoir écouté, ce dernier leur répondit avec ironie : « Il est vivant, aussi vrai que ce coq et cette poule vont se mettre à chanter ». Et, ô miracle, aussitôt le coq chanta et la poule caqueta. Le juge bouleversé fit dépendre le jeune homme et pendre à sa place la fautive servante. »

Le gîte de Santo Domingo de la Calzada est agréable. Pas de tarif, on donne ce que l’on veut. Nuit animée par des ronfleurs et par un orage. Réveillés à 5h00 par les marcheurs qui se préparent dans le noir.

itineraireEn 2000, nous avons fait en treize étapes à vélo, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle à partir du Puy-En-Velay.
Extraits du carnet de route, tenu chaque soir par Marie-Noëlle.
Soyez indulgents pour la rédaction qui est parfois en style télégraphique et pour la qualité des photos qui sont, à part quelques rares exceptions, des scans de diapositives.